Il n’y a pas si longtemps, les entreprises s’appuyaient sur des serveurs et des systèmes qui résidaient dans leurs propres locaux. Si elles avaient besoin de davantage de capacité, il leur fallait déployer un nouveau serveur. Outre le fait que cette tâche pouvait prendre des semaines, il était ensuite nécessaire de gérer le serveur et de le maintenir à jour via l’application de correctifs. Sachant qu’il fallait la répéter au fil des ans pour s’adapter à la croissance de l’entreprise, l’opération se révélait complexe et coûteuse, au point d’intimider les responsables IT les plus déterminés.
C’est là que le cloud computing est entré en jeu. Cette innovation promettait de simplifier les processus technologiques en migrant dans le cloud toutes les infrastructures désordonnées des salles de serveurs – pour les stocker ailleurs, sur des serveurs appartenant à d’autres entreprises, et accessibles via Internet. Mais le changement ne s’est pas arrêté là. Comme l’a fait remarquer Marc Andreessen à l’époque, « les logiciels étaient en train de mettre le monde à leurs pieds » et le cloud les a aidés à s’attaquer aux plateformes internes et locales – les marchés des logiciels et du stockage devenant de plus en plus présents dans notre quotidien.
Qu’apporte le cloud computing aux entreprises ?
Les limites des infrastructures IT traditionnelles deviennent de plus en plus visibles chaque année. Aujourd’hui, de nombreuses entreprises ont du mal à s’adapter aux changements du marché et aux nouvelles tendances, car leurs environnements technologiques sont incapables de les anticiper et de les prendre en compte.
Le cloud computing vous évite de devoir gérer des activités non essentielles pour que vous puissiez vous concentrer sur votre cœur de métier – que ce soit vendre des vêtements de sport sur Shopify comme Gymshark, ou, dans le cas d’Uber et de Netflix, utiliser des solutions telles qu’AWS (Amazon Web Services) pour héberger des applications et des données.
Les services cloud offrent une infrastructure IT beaucoup plus évolutive et fiable, spécialement conçue pour rationaliser les performances métier et soutenir le développement et la croissance grâce à l’évolutivité et à l’élasticité. Face à l’incertitude actuelle et future, un modèle d’infrastructure permettant aux entreprises de s’adapter à la hausse ou à la baisse en fonction des fluctuations de la demande constitue un atout de plus en plus stratégique. Vous avez besoin de davantage de stockage ? Il vous suffit de changer de formule AWS. Vous avez besoin de Photoshop et de Premier Pro ? Vous n’avez qu’à mettre à niveau votre abonnement Adobe Creative Cloud. Au bout du compte, vous pouvez ainsi passer d’un modèle CAPEX à un modèle OPEX récurrent.
Initialement, les services cloud pouvaient être divisés en 3 principales catégories :
1. Infrastructure en tant que service (IaaS) : serveurs, stockage, pare-feu/sécurité réseau, datacenter – l’équivalent virtuel d’un datacenter traditionnel.
2. Plateforme en tant que service (PaaS) : IaaS + systèmes d’exploitation, outils de développement, gestion des bases de données et analyses métier.
3. Logiciel en tant que service (SaaS) : IaaS + PaaS + applications hébergées.
[Le monde a adopté le cloud et continuera à évoluer vers un modèle de service toujours plus fragmenté, comme indiqué dans mon article précédent].
Avec les modèles IaaS et SaaS, le PaaS est l’un des trois principaux niveaux de cloud computing permettant aux entreprises de réaffecter leurs ressources pour se focaliser sur leurs besoins métier – et non plus sur le matériel informatique, les logiciels et le personnel. Au Royaume-Uni, le chiffre d’affaires du marché du cloud public a atteint environ 12,3 milliards de dollars américains en 2020. Et d’après Technology Market Outlook, les revenus générés par ce marché devraient s’élever à 23,8 milliards de dollars d’ici 2025. De même, le secteur de l’IaaS, qui valait 67 milliards de dollars en 2020, devrait progresser de 26,9 % en 2021. Enfin, on estime qu’en 2022, le marché du PaaS franchira à lui seul la barre des 71 milliards de dollars (chiffres provenant de statista.com).
Mais quelles sont les implications pour le client ? Quels avantages peut-il retirer de ces services ?
Pour décomposer les ingrédients qui rendent ces offres « as a Service » si attrayantes, utilisons une analogie populaire introduite par Albert Barron en 2014 – le modèle « Pizza as a Service » :
- Sur place. Comme lorsque vous préparez une pizza maison, vous vous occupez de tout : achat des ingrédients, cuisson de la pizza avec votre propre équipement et service à table avec des boissons (sans oublier la vaisselle). Exemple : une salle serveur au fond du bureau. Vous pouvez faire tout ce dont vous avez envie, mais vous devez investir dans tous les outils et l’infrastructure nécessaires, résoudre les problèmes et assurer la gestion vous-même.
- Infrastructure en tant que service. Vous achetez une pizza préparée. Il vous suffit de la faire réchauffer, mais vous pouvez toujours personnaliser la garniture. Exemple : un fournisseur IaaS tel qu’AWS (Amazon Web Services) est responsable de l’ensemble de l’infrastructure. Vous êtes responsable de l’installation et de la maintenance des applications et des systèmes d’exploitation. Pour les administrateurs système.
- Plateforme en tant que service. La pizzeria fabrique et fait cuire la pizza en utilisant ses équipements. Vous n’avez qu’à aller chercher la pizza ou vous faire livrer. Exemple : les serveurs, les mises à jour du système d’exploitation, les correctifs de sécurité et les sauvegardes sont gérés pour vous. Vous pouvez ainsi vous concentrer sur le développement d’applications et les données sans vous soucier de la maintenance de l’infrastructure, du middleware et du système d’exploitation, par exemple en concevant vos logiciels sur une plateforme telle que Heroku. Pour les développeurs.
- Logiciel en tant que service. Vous emmenez votre famille au restaurant où tout est pris en charge. Ainsi, vous profitez de l’expérience sans vous soucier de devoir faire la vaisselle. Exemple : vous pouvez vous abonner à un logiciel directement, comme avec Netflix, Instagram, Zendesk et PayPal, généralement pour « consommer » un produit ou un service. Pour les utilisateurs.

De gauche à droite dans le schéma ci-dessus, nous voyons que le prestataire de services élimine la complexité pour les utilisateurs plus loin dans la chaîne :
1. Administrateurs système > 2. Développeurs > 3. Utilisateurs.
Cela permet aux utilisateurs à chaque étape de se concentrer sur leurs compétences clés et de ne pas se préoccuper des coûts et de la complexité liés à la gestion des services situés en amont dans la chaîne :
1. Administration > 2. Développement/Intégration > 3. Consommation
Comment appliquer le modèle « en tant que service » au monde des paiements ?
L’édition 2020 du rapport de McKinsey consacré aux paiements à l’échelle mondiale se penche sur les opportunités que les paiements en tant que service (PaaS) peuvent offrir pour faire évoluer le modèle de fonctionnement des banques :
« Il est possible d’externaliser complètement l’écosystème des paiements. De fait, une nouvelle génération de fournisseurs de technologies a émergé, permettant aux banques de se développer rapidement et de moderniser leur portefeuille de produits de paiements sans avoir à engager des investissements initiaux élevés. Les acteurs du marché PaaS exploitent des plateformes cloud de pointe pour fournir des services spécialisés – du type émission de cartes, clearing des paiements, paiements transfrontaliers, décaissements et passerelles e-commerce. »
Chez Ingenico, nous concevons une solution cloud de plateforme de paiement en tant que service (PPaaS), qui donne les moyens à notre écosystème de clients, d’intégrateurs et de partenaires d’offrir aux commerçants des solutions de paiement et de commerce sophistiquées – accessibles partout et à tout moment. Cette solution s’appuie sur notre modèle TaaS (Terminal as a Service, terminal en tant que service) qui regroupe une suite complète de services couvrant toute la durée de vie d’un terminal de paiement, de l’installation à la gestion de la fin de vie.

Pour en revenir à notre analogie avec la pizza, la transition vers une plateforme de paiement en tant que service améliore la capacité d’Ingenico à fournir un ensemble de valeur et de services beaucoup plus riche à nos clients. Alors que le modèle TaaS sécurise l’infrastructure qui sous-tend les services en lien avec les équipements de paiement, PPaaS constitue le but ultime et assure une gestion de tout le cycle de vie des terminaux des parcs clients. Ainsi, l’accent n’est plus mis sur le « terminal » mais sur la « chaîne de valeur », c’est-à-dire sur des activités qui soutiennent nos clients d’une façon beaucoup plus globale et qui nous permettent de libérer réellement le potentiel du matériel, des logiciels et des fonctions de support.
Comment mettre en place un écosystème des paiements agile ?
Dans un monde sans cesse en mutation, nous devons renforcer notre capacité d’adaptation et notre préparation. Si les modèles économiques, les préférences des clients, les forces externes, les impératifs de sécurité ou les réglementations changent, vous devez pouvoir vous adapter rapidement et surmonter ces défis sans vous arrêter.
Prenons l’exemple des voitures électriques du constructeur Tesla. Doté d’une connexion de données, chaque véhicule peut recevoir des mises à jour logicielles synonymes de performances optimisées. Si les ingénieurs trouvent un moyen de mieux gérer la charge utile de la batterie ou qu’un client souhaite disposer du pack complet pour la conduite autonome, tout passe par une simple mise à jour logicielle à distance. En pratique, cela se traduit par des charges moins fréquentes, des voitures qui prennent de la valeur au lieu d’en perdre, et des clients plus heureux.
Avec PaaS, Ingenico entend créer de la valeur, lors de la livraison d’un nouveau terminal à un commerçant, mais aussi à chaque étape de son cycle de vie, via un écosystème étendu alliant services à valeur ajoutée, mises à jour et gestion de parc de terminaux. En pratique, le modèle offre un environnement permettant de gérer les services de manière plus centralisée. Les responsables de parcs peuvent ainsi se concentrer sur la création de valeur pour leur clientèle, en s’adaptant au changement et aux besoins des clients avec plus de rapidité et de flexibilité. Une telle approche est doublement avantageuse puisqu’elle laisse une certaine marge de manœuvre et qu’elle permet à l’écosystème de gagner en agilité pour personnaliser et générer de la valeur.
Et plus le fournisseur est à même de gérer le produit, le service et l’environnement, plus le client peut se détendre et se concentrer sur la dégustation de sa pizza personnalisée…
